Dancez avec moi
de J.A. Gamache
Traduction du discours intitulé: "Dance with me!" présenté lors du Championnat du monde des orateurs 2005 de Toastmasters International Toronto, 27 août 2005
La porte de métal s'est refermée avec fracas derrière moi. Son écho frappait de grands murs de béton. Deux gardes de sécurité m'escortaient dans un long corridor!
Monsieur le Président de concours, Mesdames et messieurs, j'étais en prison... sur invitation... en tant que "Disc Jockey". On m'avait engagé pour faire danser les prisonniers! Ce jour-là, j'aurais affaire à des personnes aigries, abusives et agressives... et je ne vous parle que des gardes de sécurité!
Lorsque j'installais mon équipement de musique au gymnase, un garde de sécurité a installé des cônes orange de sécurité tout autour de moi.
Je lui ai demandé: « Les cônes, c'est pourquoi?»
« C'est pour votre protection. On dit aux prisonniers de ne pas franchir la ligne. »
J'étais parmi des tueurs, des maniaques, des psychopathes! Mais hey! J'avais une ligne de cône en plastique comme protection!... ce qui était bien parce que la première demande spéciale que j'ai reçue d'un prisonnier était la chanson intitulée : « I shot the sheriff!!! » (note de la traduction : « J'ai tué le shérif ».)
Lorsque la musique a débuté, personne n'a dansé. Quand cela se produit, pour stimuler les danseurs je vais sur la piste de danse... mais à l'instant où j'ai traversé la ligne, les prisonniers ont commencé à sourire. Une salle pleine de « Dirty Harry » me toisaient lascivement avec des yeux voulant dire : « Go ahead, make my day. » (note de la traduction : « Vas-y, fais-moi plaisir. ») Alors j'ai reculé.
Voyez-vous l'ironie? Parmi des prisonniers, j'étais l'unique homme LIBRE ravi d'être derrière les barreaux... trop effrayé de laisser une illusion de sécurité qui il y un instant me semblait si absurde : une ligne de cônes.
Reconnaissez-vous cette ligne mesdames et messieurs? Elle est en nous tous. C'est la frontière qui sépare la médiocrité de la grandeur. La grandeur commence à la ligne de peur.
Lorsque nous savons que nous devons faire quelque chose qui nous effraie, nous nous posons des questions comme : « Et si ça ne fonctionne pas? Et s'ils se moquent de moi? Et si... »
On se demande souvent ce qu'est le prix de prendre action. Qu'en est-il du coût de rester immobile?
Vous êtes-vous déjà demandé : « Et si je le savais que je n'ai pas donné le meilleur de moi-même? Et si je le savais que j'ai agi en lâche? Et si... »
J'ai été souvent à cette ligne auparavant et à chaque fois que je suis resté derrière je me suis senti médiocre. Je dois admettre que durant toute ma vie, la personne qui m'a le plus souvent déçu... c'est moi... jusqu'au jour où j'ai appris à danser.
Aujourd'hui, lorsque j'arrive à une ligne de peur, je lève les bras en l'air comme si je n'en avais rien à faire. Je fais cela en souvenir du jour où j'ai fait mon premier petit pas vers la grandeur.
C'était un an plus tard. Cette fois-là, j'étais dans une salle de réception à divertir un groupe de malentendants. Mon travail de « D.J. » consistait à amener de la musique à un groupe de personnes sourdes! Peu importe les chansons, peu importe à quel volume je les faisais jouer, personne ne dansait!
Encore une fois, il y avait une barrière entre nous. Encore une fois, j'étais l'intrus et encore une fois, j'avais peur... mais cette fois-ci j'ai décidé de traverser cette ligne de peur de toute façon. J'ai grimpé sur un haut-parleur et j'ai crié. (note : J.A. agite ses bras au-dessus de la tête sans dire un mot.) Bien, c'est comme ça que l'on crie en sourd-muet!
Quelqu'un m'a imité, puis un autre, encore un autre...
Ça fonctionnait! Nous dansions tous ensemble. Enfin, nous nous comprenions. Pas un mot n'était dit et pourtant personne n'était silencieux car dans nos coeurs nous entendions la joie rugir comme mille voix. J'ai ressenti cette sensation. Des mots ont fait irruption dans mon âme. Je ne pouvais plus les retenir. J'ai crié : « Je vous aime!!! » Et ils m'ont tous répondu en signe : « Nous t'aimons aussi. »
Pour la première fois, je m'étais libéré. Je me sentais libre...
Mesdames et messieurs, la peur n'est pas une barrière. C'est un point de départ.
N'est-il pas temps pour vous d'entrer dans votre grandeur? Pensez à tout ce que vous manquez en ce moment parce que vous êtes immobile, prisonnier, trahissant qui vous êtes vraiment.
Pour toutes ces fois où vous auriez pu danser mais avez choisi de vous arrêter... vous auriez pu oser mais avez choisi de reculer... vous auriez pu rêver et suivre votre destinée mais avez choisi de vous retourner... c'est maintenant le temps de danser.
« Make my day... »
M'entendez-vous? . (note : J.A. agite ses bras au-dessus de la tête)
Dansez avec moi!
La grandeur débute ici et maintenant... à la ligne de peur.
Monsieur le Président de concours.