Being Mr. G
de J.A. Gamache
Traduction du discours intitulé: "Being a Mr G." gagnant la première position lors de la demi-finale (région VI) du Championnat du monde des orateurs organisé par Toastmasters International, à Rochester New-York, États-Unis, le 2 juin 2007.
(J.A. entre en scène pieds nus portant un complet. Il souffle dans un sifflet de conducteur de train.)
En voiture!
C’est une journée ensoleillée et vous prenez le train. Vous portez fièrement une paire de sandales que vous avez confectionnée vous-même. Comme vous montez dans le train, une de vos sandales glisse de votre pied et tombe près des rails.
(J.A. lance une de ses sandales qui tombe de la scène)
Vous essayez de la récupérer, mais il est trop tard, le train avance déjà.
Qu’auriez-vous fait? J’aurais maudit ma malchance, fâché d’avoir perdu ma sandale.
Monsieur le Président de concours, mesdames et messieurs, j’ai déjà lu la biographie d’un homme, que j’aime surnommer M. G., qui a vécu la même situation. Lorsque M. G a compris qu’il ne pourrait ravoir sa sandale, il a rapidement enlevé l’autre sandale pour la jeter sur les rails.
(J.A. enlève son autre sandale et la jette en bas de la scène.)
Lorsqu’on lui demanda pourquoi il avait fait ça, M. G. répondit : « Le pauvre homme qui trouvera ma première sandale, sera très reconnaissant de trouver la deuxième. »
N’avez-vous pas l’envie de dire : « Ah, comme c’est gentil… »
La première fois que j’ai lu cette histoire, j’ai été touché par tant de générosité. Pas surprenant que M. G., M. Gandhi, soit devenu un si grand leader. Gandhi osait aider les autres.
Ce serait facile de dire : « Et puis après? Ce n’est qu’une paire de sandale. » Ah oui? Lorsque vous irez travailler, essayez-le pour voir. Entrez au bureau sans souliers.
(J.A. montre un pied nu à l’audience.)
Lorsqu’on vous dira : « Où sont tes souliers? »
Répondez : « Je les ai donnés à un sans-abri dans la rue. »
Dira-t-on : « Ah, comme c’est gentil…» ? Non! On vous regardera comme si vous étiez cinglé!!!
Parfois il y a un risque à vouloir aider les autres. Lorsque vous le faites vous êtes comme M. G..
J’ai essayé d’être un M. G.. En tant que disc jockey, j’animais un groupe où tout le monde était malentendant. Jouer de la musique pour des personnes malentendantes. Ça n’a pas fonctionné!
Même si la musique était TRÈS FORTE, peu importe comment j’essayais de les faire danser; ils restaient là… immobiles… en pleine conversation…
(J.A. signe quelques mots pour illustrer une conversation)
Façon de parler…
Je devais les rejoindre dans leur monde. Une idée folle émergea de mon cœur et si elle ne fonctionnait pas, j’aurais l’air stupide devant une centaine de personnes. J’ai demandé à quelqu’un de m’enseigner quelques mots du langage des signes. J’ai sauté sur un haut-parleur… en fait, je suis monté dessus et j’ai crié.
(J.A. balance les mains au-dessus de la tête.)
C’est comme ça que l’on crie en langage des signes.
Quelqu’un a levé les mains à son tour, puis un autre et encore un autre. J’avais réussi! Une centaine de sourires avaient les bras levés. J’ai augmenté le volume de la musique pour qu’ils sentent les vibrations.
(J.A. mime le geste de tourner le bouton du volume et danse en tapant du pied droit pour marquer le rythme.)
Et j’ai signé : « Dansez avec moi! »
(J.A. fait le signe.)
Et nous avons dansé…
(J.A. danse les bras en l’air faisant un tour complet sur lui-même.)
Enfin, nous nous comprenions. Pas un mot n’a été prononcé et pourtant nous n’étions plus silencieux. Notre joie résonnait plus fort qu’un millier de voix. Des mots jaillissaient de mon cœur. Je ne pouvais plus les retenir. J’ai crié…
(J.A. cesse de danser et signe quelques mots.)
Ils m’ont tous crié à leur tour : « Nous t’aimons aussi. »
Je sais : « Ah, comme c’est gentil... »
Quand vous écoutez votre cœur, vous osez aider les autres.
Il y a 12 ans cela, lorsque j’ai débuté chez Toastmasters, un M. G. a écouté mon cœur. Je prononçais mon deuxième discours.
J’étais tellement nerveux! Mon cœur battait vite! Debout devant le groupe, je tremblais. J’ai dit quelques mots et soudain mon cerveau s’est mis à fondre comme de la crème glacée sous le soleil. La sueur coulait sur mon visage, le long de mon ventre pour former un lac dans mes souliers.
Confus, j’ai murmuré : « Je suis désolé. Je n’ai pas suffisamment préparé mon discours. Excusez-moi. » J’ai regagné ma chaise. Honteux. Déterminé à quitter ce groupe de…«TM» qui ne veut pas dire Toastmasters, mais plutôt «terribles masochistes»!
Puis, j’ai senti la chaleur d’une main sur mon épaule. Je me suis retourné. Une Mme G. me souriait. Elle me dit: « Félicitations pour ton courage. La plupart des gens n’oseraient pas ce que tu viens de faire. ». Puis, un M. G. de l’autre côté saisit ma main : « Bon discours. Le prochain sera meilleur. »
À ce moment, je réalisais que j’étais un pauvre homme… venant de trouver deux sandales à une station de train.
Merci à vous. Oui… vous
(J.A. regarde certaines personnes.)
vous… vous… et vous tous!
Au nom de tous ceux, qui comme moi, ont été touché par votre générosité, merci.
Vous êtes comme M. G. lorsque vous laissez tomber une sandale :
Une sandale d’espoir… lorsque vous tendez la main;
Une sandale de joie…lorsque vous écoutez votre cœur;
Une sandale de courage…lorsque vous osez aider les autres.
Dans le train de la vie, le monde entier a besoin encore plus de madame et de monsieur G. comme vous.
(J.A. souffle dans le sifflet.)
En voiture!
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